La soirée du 18 mars a porté sur l’avenir de la transition verte. C’est un sujet politique majeur et au cœur de l’actualité internationale. Notre think tank, avec le concours de la Maison de l’Europe à Paris, a donc créé un espace de débat public autour de cette question.

Caroline Laigneau a insisté sur la déconnexion qui peut exister entre le monde rural et les grandes orientations européennes. Nos campagnes sont laissées pour compte et, surtout, le lien se perd avec les consommateurs. Or la question de l’autosuffisance alimentaire de la France se pose et cela est un danger pour notre pays.

La colère et la stigmatisation des agriculteurs est réelle, la communication bruxelloise est-elle suffisante pour convaincre nos campagnes des bienfaits du Pacte vert ? A priori non !

Dans le même temps, Michael Vincent a évoqué un “paquet” de (150) propositions plus qu’un “pacte” car c’est bien au cas par cas que les textes sont votés, observant une opposition grandissante à la droite de l’hémicycle européen, alors même que la commission en 2019 qualifiait ce Pacte vert de « Man on the moon moment »…(un pas d’homme sur la lune). C’est qu’il s’en est passé des choses depuis, et notamment la situation inflationniste et la flambée des prix. Alors que les États-Unis ont répondu à l’inflation galopante par une politique budgétaire soutenue et de vastes programmes de relance en plus d’une hausse significative des taux d’intérêts, ce n’est pas le cas en Europe selon Michael, où certes la BCE a relevé les taux pour essayer de freiner l’inflation, pendant que les États membres ont repris leurs réflexes austéritaires. Les questions environnementales mobilisent de plus en plus lors des élections européennes qui avaient vu en 2019 la participation augmenter de 5-10% sur fond de montée en puissance de la thématique climatique. 2024 sera un moment de vérité, car si à droite on pointe “une pause réglementaire”, Michael rappelle que face au climat, aux sécheresses, aux inondations, aux pénuries, “la vraie contrainte, c’est l’absence de contrainte”.

Gabriela Martin a décrit avec précision les mécanismes européens, elle a rappelé que les inégalités et le changement climatique sont liés, les populations les plus défavorisées sont déplacées à cause de facteurs environnementaux. Leur bien-être est le chaînon manquant des politiques publiques. La dégradation climatique génère un clivage international, social et générationnel. Ils ne se recoupent pas complètement et donnent une impression de chaos général, d’archipélisation sociétale inconnue jusque récemment. La mondialisation favorise un jeu ouvert avec les autres grandes puissances étrangères. Ne soyons pas dupes !

Remarques de la salle :

La réindustrialisation doit entrer dans l’équation : des alertes sur la situation difficile des secteurs industriels concernés par la production des technologies de la transition bas carbone se succèdent. Les objectifs que s’est fixés l’UE avec le pacte vert créent un marché important pour ces technologies qui profite surtout aux productions importées à bas coût depuis des pays tiers, et en particulier la Chine. La complexité des dispositifs prévus en Europe pour accéder aux financements qui joue en défaveur de l’Europe : l’Inflation Reduction Act (IRA) – ce vaste programme de relance du Président américain  Joe Biden – soutient non seulement les investissements mais également la production des technologies bas carbone. L’IRA a le mérite de la clarté : chaque entreprise sait à l’avance sur quel montant d’aide elle peut compter selon l’investissement réalisé.

Laure Pallez

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