La genèse de l’association

Comment est née l’association D-Fi USA, d’où est venue l’idée ?

La naissance de l’association D-Fi USA vient d’une réponse à un besoin de solidarité et de partage. Partir à l’étranger pour poursuivre une carrière scientifique est une aventure passionnante, mais aussi un défi de taille. Quitter son pays, sa famille, son cercle social, c’est un bouleversement auquel viennent s’ajouter d’autres difficultés : la complexité des démarches administratives, l’adaptation à une nouvelle culture académique et professionnelle, sans oublier la barrière de la langue. Dans ce contexte, il est facile de se sentir isolé ou dépassé. Le point positif, c’est que nous sommes nombreux à avoir vécu cette transition. Chaque parcours est unique, mais nous partageons tous des expériences communes dont nous pouvons tirer des enseignements. C’est précisément cette idée qui a guidé la création de D-Fi USA (Docteurs Français à l’International USA, qui deviendra Diaspora scientifique Française à l’International USA). Nous voulions rassembler une communauté de chercheurs et de docteurs français ayant fait le choix de poursuivre leur carrière aux États-Unis, puis inclure ceux étant retournés en France et souhaitant partager leur vécu outre-Atlantique. Nos motivations étaient multiples. D’abord, nous voulions faciliter l’installation des nouveaux PhDs aux États-Unis, en leur offrant des conseils pratiques et en leur permettant de bénéficier de l’expérience de ceux étant passés par les mêmes étapes. Ensuite, nous souhaitions favoriser les échanges d’opportunités professionnelles, que ce soit dans le monde académique, l’industrie ou d’autres secteurs. Enfin, nous avions identifié un besoin criant de soutien et de réseau, aussi bien pour les chercheurs établis aux États-Unis que pour ceux qui envisagent un retour en France ou en Europe. Ce constat n’est pas venu de nulle part. Lors de conférences et de rencontres avec d’autres associations, il est rapidement apparu que les postdoctorants français aux États-Unis manquaient d’un véritable réseau structuré. Beaucoup témoignaient du même ressenti : un manque de soutien, d’informations centralisées et d’un espace où partager leurs préoccupations et leurs réussites. C’est pour répondre à cette lacune que nous avons décidé d’agir et de donner naissance à D-Fi USA.

Combien avez-vous d’adhérents aujourd’hui et quels sont vos plans pour développer le réseau D-Fi USA ?

D-Fi USA compte aujourd’hui plus de 250 membres et poursuit activement son développement grâce à plusieurs initiatives stratégiques. Nous travaillons actuellement sur le lancement d’un nouveau site web et d’une application mobile qui permettront de structurer et de faciliter les échanges au sein de la communauté. Ces outils offriront différents canaux thématiques pour répondre aux besoins spécifiques de nos membres, qu’il s’agisse de venir travailler aux États-Unis, d’y réaliser un postdoctorat, de développer un réseau professionnel sur place, ou encore de préparer un retour en France. L’application comprendra également un accès dédié aux partenaires, leur permettant de publier des offres d’emploi ou encore des informations sur les modalités de concours dans les institutions de recherche, comme les postes de Chargé de Recherche ou Maître de Conférences. En parallèle, nous développons des opportunités de dialogue entre jeunes chercheurs français et institutions françaises, telles que l’Inserm, afin de mieux faire connaître les possibilités de carrière en France. Nous continuons également à organiser des événements scientifiques et de réseautage pour renforcer les collaborations transatlantiques, tout en soutenant les jeunes chercheurs dans leur parcours. Enfin, nous misons sur des campagnes de communication ciblées et des partenariats stratégiques avec des écoles doctorales, universités, associations de doctorants, institutions de recherche publique et privée, ainsi que des fondations, pour accroître notre visibilité et fédérer une communauté encore plus large de chercheurs et d’acteurs scientifiques.

Envisagez-vous de dupliquer l’expérience dans d’autres pays ? Etes-vous en relation avec des initiatives similaires ailleurs dans le monde de réseaux organisés de chercheurs français ?

Il existe des réseaux rattachés à des ambassades, comme au Royaume-Uni, ou des groupes sociaux peu structurés. À notre connaissance, il n’existe pas d’autres réseaux organisés et indépendants de diaspora française de scientifiques dans le monde, ce qui rend D-Fi USA unique. Bien que nous ne travaillions pas actuellement sur la duplication de notre modèle dans d’autres pays, cela constitue un objectif à long terme. Pour l’heure, nous concentrons nos efforts sur la création de D-Fi France, une initiative destinée à ancrer et solidifier la diaspora scientifique française en renforçant les interactions entre scientifiques expatriés et institutions françaises. Ce projet vise à établir un lien durable entre la recherche française et ses talents à l’étranger, tout en facilitant le retour en France pour ceux qui le souhaitent.

Aux Etats-Unis, vous êtes-vous inspirés d’exemples d’autres pays qui ont organisé des réseaux de leurs ressortissants scientifiques ? Qui sont les plus efficaces et les mieux organisés selon vous ?

Oui, nous nous sommes inspirés de modèles existants de diasporas scientifiques, notamment de la diaspora espagnole ECUSA (Españoles Científicos en USA), qui est particulièrement bien élaborée. ECUSA est un réseau très structuré qui connecte les scientifiques espagnols aux États-Unis et promeut les collaborations avec l’Espagne à travers des événements, des programmes de mentorat, et des initiatives visant à renforcer les liens entre les chercheurs et leur pays d’origine. Nous avons également étudié le réseau STAR de Suède (Swedish Trans-Atlantic Researchers Network), qui rassemble des chercheurs suédois en Amérique du Nord autour d’initiatives scientifiques et de réseautage. De plus, Euraxess North America a joué un rôle clé dans nos débuts en nous aidant à établir des connexions importantes. Euraxess est une initiative de la Commission européenne visant à soutenir les chercheurs dans leur mobilité internationale, à promouvoir les opportunités de carrière, et à renforcer les collaborations scientifiques entre l’Europe et d’autres régions du monde. Nous sommes toujours présents lors des événements organisés par Euraxess North America, qui rassemblent des chercheurs de diverses nationalités et offrent des plateformes pour discuter des enjeux globaux, des partenariats, et des opportunités de financement pour les chercheurs internationaux. Ces interactions enrichissent notre réseau et nous permettent de renforcer nos liens avec d’autres initiatives similaires à travers le monde.

Les fondateurs

Qui sont les créateurs de l’association, y-a-t-il des points communs entre les fondateurs de l’association, des constats et volonté d’agir qui les ont réunis ? Quelles ont été vos motivations principales pour créer l’association ?

L’association D-Fi USA est née de la rencontre de plusieurs scientifiques français partageant une même ambition: créer un réseau de soutien et d’entraide pour les postdoctorants français aux États-Unis. À l’origine, un atelier organisé par Christine Bénard autour du devenir des docteurs français avait rassemblé Louise Lassalle, Audrey Boyer et Pauline Charbogne, trois postdoctorantes françaises aux Etats-Unis, Gaëtan Herbomel et Pierre-Christian Violet, postdoctorants leaders de FRANIH, l’association des postdoctorants français au NIH à Washington DC, ainsi qu’Yves Frenot, alors conseiller scientifique à l’ambassade de France. Ce premier échange a été décisif: nous avions trouvé une équipe avec une volonté d’agir, et Yves nous a apporté un précieux soutien. Dès les débuts, l’objectif était clair: mettre en place des outils concrets pour faciliter les échanges et partager nos expériences. Nous avons ainsi créé un Slack et un site web, qui sont rapidement devenus des espaces clés pour connecter les scientifiques français et répondre à leurs interrogations. Très vite, d’autres scientifiques ont rejoint l’initiative, à l’image de Laurie Herviou, postdoctorante à New York. Mise en contact avec nous par Yves, elle s’est immédiatement impliquée dans le projet, ayant elle aussi identifié un manque criant de ressources et de soutien pour les postdoctorants français aux États-Unis. Notre impact a été renforcé par l’obtention d’un financement qui nous a donné les moyens de structurer et de développer notre réseau. Convaincus de l’importance de pérenniser cette initiative, nous avons franchi une étape clé en enregistrant D-Fi USA en tant qu’organisation à but non lucratif américaine sous le statut 501(c)(3).

Comment gérez-vous les mouvements des chercheurs qui peuvent à un moment rentrer en France, cela pose-t-il un problème pour assurer la pérennité du pilotage de l’association D-Fi USA ?

Le séjour d’un chercheur à l’étranger est souvent temporaire, mais cela ne constitue pas un obstacle pour D-Fi USA. Au contraire, la mobilité des chercheurs est une force pour notre association. Notre board est dynamique et se renouvelle tous les deux ans, ce qui nous permet d’évoluer avec de nouvelles idées, objectifs et perspectives. Ce renouvellement apporte une véritable énergie et une capacité d’adaptation à de nouveaux enjeux. De plus, les membres de longue date restent généralement très attachés à D-Fi USA et continuent à partager leur expérience et leur expertise, qu’ils restent aux Etats-Unis ou non (ce fameux “pay it forward”). La création de D-Fi France jouera également un rôle essentiel dans le maintien et le renforcement de notre réseau, en offrant une structure aux scientifiques qui retournent en France, souvent désireux de partager leurs connaissances et de transmettre leur expérience internationale. Enfin, notre nouveau site web, avec ses différents canaux thématiques, nous permettra de conserver des contacts solides avec nos membres, qu’ils soient encore aux États-Unis ou de retour en France, et de continuer à fédérer une communauté engagée et active autour de la diaspora scientifique française.

A propos de l’association

Quelle forme juridique avez-vous choisie pour l’association aux Etats-Unis ? Avez-vous rencontré des obstacles administratifs pour donner une existence légale à D-Fi USA ?

D-Fi USA est une association à but non lucratif enregistrée aux États-Unis sous le statut de 501(c)(3), un cadre juridique adapté à notre mission éducative et scientifique, permettant également à nos partenaires et donateurs de bénéficier d’avantages fiscaux. Pour donner une existence légale à l’association, nous avons été accompagnés par un cabinet d’avocats, qui nous a guidés dans les démarches administratives complexes liées à l’enregistrement. Cela comprenait la préparation de documents détaillés, comme nos statuts, la définition claire de notre mission, et un plan financier démontrant la viabilité de nos activités. Nous avons également dû répondre aux exigences de gouvernance imposées par ce statut, notamment la structuration d’un board conforme à la réglementation. Grâce à cet accompagnement, nous avons pu établir une base solide pour développer nos actions et asseoir la crédibilité de notre organisation.Par ailleurs, une structure indépendante en France permettra de développer des partenariats avec les institutions publiques et les acteurs privés, de faciliter l’accès aux subventions et d’agir au plus près des chercheurs en France. Pour assurer une coordination efficace sans altérer l’autonomie de chaque entité, nous envisageons également la création d’une Fédération D-Fi, gérée par des représentants des deux associations. Elle établira des lignes directrices communes et favorisera les échanges, tout en laissant à chaque structure la liberté de ses décisions. Cette évolution marque une étape clé pour mieux accompagner les chercheurs français, en France comme aux États-Unis.

Où sont les « foyers » (villes, universités) d’adhérents de D-Fi USA aujourd’hui ? Pensez-vous développer l’association sur tout le territoire américain ?

Pour l’instant, nous sommes majoritairement présents physiquement à New York, New Haven, et Paris. Notre foyer new-yorkais regroupe une part importante de nos adhérents. Nos événements en ligne permettent de rencontrer des scientifiques qui sont dans des régions ou la représentation française est plus restreinte – ce sont probablement ces membres qui ont le plus besoin de se sentir inclus dans une communauté. Cependant, nous réfléchissons à la possibilité d’organiser des « chapters » dans d’autres grandes villes pour accompagner notre développement. Parmi les priorités, nous souhaitons explorer l’ouverture d’un pôle sur la côte Ouest des États-Unis, ainsi qu’à Washington et Boston, qui sont des foyers importants pour les chercheurs français. Ces régions, avec leurs écosystèmes universitaires et scientifiques dynamiques, offrent un potentiel considérable pour étendre notre réseau et renforcer nos actions. Nous souhaitons structurer cette expansion progressivement, en nous appuyant sur les besoins de nos membres et les opportunités locales.

Quels sont les moyens et sources de revenus de l’association ?

D-Fi USA ne perçoit pas de cotisations et souhaite rester une association gratuite pour ses membres, afin de garantir l’accessibilité à tous les scientifiques. Nos revenus proviennent principalement de subventions, de partenariats, et de dons. Nous avons notamment bénéficié d’une bourse de la fondation Richard Lounsbery, que nous remercions chaleureusement. Cette aide a été un tremplin pour la création de nos statuts, le financement de notre site web, et le développement de nos activités actuelles. Pour assurer notre développement à long terme, nous prévoyons de lancer un appel aux dons annuel et travaillons activement à établir des partenariats pérennes avec des institutions, fondations et entreprises. Ce modèle de financement, bien que demandant des efforts constants, nous permet de structurer nos projets et d’étendre notre impact tout en maintenant la gratuité de notre réseau, afin de toucher un maximum de chercheurs et de favoriser leur inclusion au sein de la communauté scientifique française aux États-Unis.

Quelles sont les activités et animations que vous proposez à vos adhérents ?

D-Fi USA propose une variété d’activités et d’animations destinées à soutenir ses membres dans leur parcours professionnel et personnel. Nous organisons régulièrement des événements de réseautage, tels que des rencontres entre chercheurs, un atelier appelé En Aparté qui met en lumière des parcours inspirants et permet à nos membres de bénéficier de retours d’expérience concrets et de faciliter les connexions au sein de la communauté scientifique française aux États-Unis.

Nous organisons aussi Croisscience, un événement virtuel annuel où des membres de D-Fi USA présentent leur recherche au grand public. Ce type d’événement permet à nos membres de consolider leurs compétences en vulgarisation scientifique, et augmentent la visibilité de leurs projets de recherche. Nous travaillons sur la mise en place de sessions d’information sur des sujets clés pour nos membres, comme la préparation aux concours en France (Chargé de Recherche, Maître de Conférences, etc.), les opportunités de financement en France et aux Etats-Unis, ou encore les démarches administratives liées à l’installation ou au retour en France. Ces activités sont complétées par des webinaires et des discussions en ligne pour permettre à tous nos membres de participer, où qu’ils se trouvent.

Avec le développement de notre nouveau site web et application, nous allons proposer des canaux thématiques pour répondre aux besoins spécifiques de nos membres, qu’il s’agisse de venir travailler aux États-Unis, de faire un postdoctorat, de créer un réseau professionnel ou de préparer un retour en France. Ces outils renforceront la communication et favoriseront les échanges, tout en consolidant les liens au sein de notre communauté.

Enfin, nous organisons également des événements de networking et des rencontres sociales, qui sont essentiels pour faciliter l’intégration des chercheurs français aux États-Unis. Ces événements permettent à nos membres d’échanger sur leurs expériences, de créer des connexions professionnelles et personnelles, et de renforcer la cohésion de notre communauté. En novembre 2024 nous avons participé à l’organisation d’une soirée de projection documentaire et de débats sur les “femmes dans la science” avec le collectif TBD (Très Bon Documentaire) et Français du monde à New York. En 2025, nous prévoyons d’organiser un gala à New York, qui marquera le lancement de notre nouveau site web et constituera une opportunité unique de rassembler encore plus de scientifiques français présents aux États-Unis.

Ces opérations sont-elles effectuées en collaboration avec les représentants à l’étranger des organismes de recherche français ?

En effet, nous organisons régulièrement des événements professionnels tels que des conférences et des rencontres avec des institutions françaises (CNRS, INSERM, universités) afin d’informer les chercheurs sur les opportunités de carrière et les modalités de retour en France. Nous avons, par exemple, organisé des sessions de questions-réponses avec des représentants de l’INSERM et du CNRS, permettant de présenter les nouvelles politiques de recrutement, notamment la création des postes de chaires en 2022. Forts de cet engouement, nous prévoyons de renouveler ce type d’événement, d’autant plus que le représentant de l’Inserm North America est enthousiaste à l’idée de renforcer ces échanges. Dans une logique de mentorat et d’entraide, nous avons également initié des échanges entre doctorants et chercheurs français aux États-Unis et en France. Nous travaillons actuellement à l’extension de ces initiatives avec d’autres écoles doctorales, notamment parisiennes.

Nous développons aussi des projets à impact, comme notre future exposition sur les femmes dans la science, en partenariat avec l’association Femmes & Sciences qui se tiendra à New-York en 2025. Cette exposition, intitulée “La Science tailles XX elles”, vise à mettre en lumière les contributions majeures des femmes scientifiques à travers l’histoire et aujourd’hui. Ce projet s’inscrit dans une volonté plus large de visibiliser les femmes dans les sciences et de promouvoir l’égalité des genres dans la recherche. Pour financer cette initiative, nous avons déposé une demande de subvention auprès du STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Français de l’Étranger), un dispositif du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui soutient les projets associatifs ayant un impact positif pour les Français résidant hors de France.

Comment faites-vous connaître l’association auprès des scientifiques français présents aux Etats-Unis ?

Nous développons D-Fi USA en multipliant les points de contact avec les scientifiques français aux États-Unis, à travers les réseaux sociaux, des événements scientifiques et des partenariats avec des institutions en France et aux États-Unis. Notre objectif est de créer des connexions directes, y compris avec les chercheurs et étudiants isolés dans des universités où la présence française est plus discrète. Pour cela, nous avons déjà lancé des collaborations avec des écoles doctorales en France, comme celle de Toulouse, où nos membres aux États-Unis ont échangé à deux reprises en visioconférence avec des doctorants. Ces discussions sont bénéfiques des deux côtés : elles offrent aux jeunes chercheurs une vision concrète des opportunités aux États-Unis et permettent à D-Fi de garder contact avec ces scientifiques qui iront potentiellement s’installer aux USA, dans différentes villes et universités. Dans le futur, nous voulons aller encore plus loin et partir à la rencontre des chercheurs français dans les universités isolées, afin de les intégrer pleinement à notre réseau et leur offrir toutes les ressources nécessaires pour évoluer dans leur carrière scientifique.

Par quels media faites-vous connaitre l’association ?

Nous faisons connaître D-Fi USA à travers plusieurs canaux de communication afin de toucher un maximum de scientifiques français aux États-Unis. Nous disposons d’un compte LinkedIn et Instagram, où nous partageons régulièrement nos événements et actualités. Par ailleurs, nous renforçons notre visibilité en participant à des conférences et événements scientifiques majeurs, comme l’EURAXESS event on Science Diplomacy and Scientific Diasporas, ou encore France Science, où nous avons l’occasion d’échanger avec d’autres réseaux et d’accroître l’impact de notre association.

Etes-vous en relation avec d’autres associations françaises aux Etats-Unis ?

Nous venons récemment d’adhérer au CAFUSA (Comité des Associations en Langue Française de New York), ce qui nous permet de tisser des liens avec d’autres associations françaises basées à New York et de renforcer notre ancrage local. Des événements futurs organisés par le comité nous permettront très certainement d’augmenter notre visibilité. Par ailleurs, nous entretenons de bonnes relations avec l’ambassade de France aux États-Unis et son service scientifique, ainsi qu’avec le consulat de New York. Nous tenons à préciser que D-Fi USA est une association apolitique et indépendante, mais nous souhaitons collaborer avec les acteurs politiques et institutionnels qui comprennent l’importance de notre mission et les enjeux cruciaux pour la recherche française. Plus qu’un simple réseau, D-Fi USA est un acteur essentiel pour accompagner les scientifiques et chercheurs français aux États-Unis, faciliter les échanges avec la France et contribuer aux réflexions sur l’avenir de la recherche.

Logo de D-Fi USA

Les adhérents et la diaspora scientifique française

Pouvez-vous nous décrire « l’adhérent type » de D-Fi USA ?

D-Fi USA regroupe une diversité de profils, incluant des post-doctorants, des chercheurs en poste aussi bien dans le milieu académique que dans le secteur privé. Historiquement, notre réseau s’est principalement développé autour des post-doctorants en sciences biomédicales, en raison du parcours de notre équipe fondatrice et de leurs connexions dans ce domaine. Cependant, D-Fi USA est ouvert à l’ensemble des disciplines scientifiques, qu’il s’agisse des sciences expérimentales (physique, chimie, biologie, mathématiques, ingénierie) ou des sciences humaines et sociales (langues, histoire, philosophie, etc.). Nous voulons progresser davantage dans cette diversité. Nous avons d’ailleurs concrétisé cette ambition cette année en attribuant deux bourses de voyage à des doctorants français, dont une doctorante en philosophie. Cette bourse leur a permis de rencontrer des équipes de recherches américaines en vue de poursuivre leur carrière aux États-Unis. Nous souhaitons continuer sur cette lancée pour faire de D-Fi USA un réseau ouvert à tous les scientifiques français, quelle que soit leur spécialité.

Quelles sont les attentes de vos adhérents ? Pourquoi adhèrent-ils à D-Fi USA ?

Les adhérents de D-Fi USA recherchent principalement un réseau de soutien, des opportunités d’échanges culturels et professionnels, ainsi qu’un accès à des informations privilégiées sur la vie et la carrière scientifique aux États-Unis. Ils sont motivés par le désir de maintenir un lien avec la culture française, de développer leur réseau professionnel, et de s’intégrer plus facilement dans leur nouvel environnement. En rejoignant D-Fi USA, ils trouvent un espace d’entraide, de partage d’expériences et de conseils pour mieux naviguer dans les opportunités et défis liés à une carrière scientifique outre-Atlantique.

Vos adhérents sont-ils plutôt en recherche d’un réseau d’entraide pour leur vie personnelle, professionnelle, ou les deux ?

Les chercheurs français recherchent souvent les deux, mais pas au même moment de leur parcours. Dans un premier temps, les jeunes docteurs en quête d’un postdoctorat aux États-Unis ont surtout besoin d’un soutien pour trouver un laboratoire d’accueil et pour naviguer à travers la bureaucratie et l’installation aux États-Unis. Ce sont des étapes complexes qui nécessitent des conseils pratiques et un réseau d’entraide. Ensuite, une fois installés, vient la question du « je reste ou je rentre en France/Europe ». À ce stade, les chercheurs se tournent davantage vers des informations sur les opportunités de carrière, que ce soit pour intégrer un centre de recherche américain ou pour préparer un retour en France. C’est pourquoi D-Fi USA organise des événements en collaboration avec des acteurs majeurs de la recherche française comme l’INSERM et le CNRS, afin d’informer nos membres sur les nouvelles modalités de recrutement, notamment les postes de chaires ou les concours de chargé de recherche par exemple.

Avez-vous une idée du nombre de scientifiques français présents aux Etats-Unis ?

Il est très difficile d’obtenir des chiffres précis sur le nombre de scientifiques français présents aux États-Unis, car il n’existe pas de données consolidées sur ce sujet. À notre connaissance, aucun organisme ne recense de manière exhaustive les chercheurs français établis aux États-Unis, ce qui rend cette estimation complexe. Chez D-Fi USA, nous opérons principalement via notre réseau et le bouche-à-oreille, en nous appuyant sur les connexions entre scientifiques, les institutions académiques et les événements scientifiques pour identifier où se trouvent les chercheurs français.

Avez-vous comme objectif d’établir un réseau d’alumni qui pourraient continuer à partager leur expérience et éventuellement préparer un nouveau séjour aux Etats-Unis ?

Oui, tout à fait. Depuis la création de D-Fi USA, un nombre non négligeable de membres est rentré en France et est toujours actif dans la vie de notre association. Le “chapter Paris” se rencontre régulièrement, et ses membres participent aux discussions sur le partage d’expérience afin de renforcer l’accompagnement au retour en France, aider à trouver un emploi et faciliter la réadaptation après une expérience aux États-Unis. Nous souhaitons que les chercheurs ayant vécu cette transition puissent partager leur expérience et leurs conseils avec ceux qui envisagent un retour. De plus, le futur D-Fi France aidera à garder un contact sur place avec les écoles doctorales françaises, créant un lien plus fort avec les doctorants rêvant d’une expérience américaine.

Perspectives de développement

Quelles relations avez-vous avec l’ambassade de France à Washington et les consulats de France dans les villes américaines ? Avez-vous mené des actions conjointes ?

Nous entretenons de bons contacts avec l’ambassade de France aux États-Unis, en particulier avec son service scientifique, ainsi qu’avec le consulat de France à New York. Nous avons déjà collaboré sur plusieurs initiatives et sommes en discussion pour planifier des projets communs dans le futur. Notre objectif est de renforcer ces relations afin de mieux soutenir la diaspora scientifique française aux États-Unis et de faciliter les échanges entre chercheurs des deux côtés de l’Atlantique. Nous sommes également en relation avec France Science, le réseau du service scientifique de l’ambassade qui vise à renforcer les collaborations scientifiques et technologiques entre la France et les États-Unis. France Science et D-Fi USA ont des missions différentes mais totalement complémentaires. France Science joue un rôle clé en assurant la visibilité institutionnelle de la recherche française et en facilitant les échanges au niveau gouvernemental et académique, tandis que D-Fi USA agit directement au sein de la communauté scientifique française installée aux États-Unis. Cette complémentarité est essentielle pour offrir aux chercheurs un écosystème complet, alliant soutien institutionnel et accompagnement au quotidien.

Considérez-vous que la France utilise suffisamment la force de sa diaspora scientifique ? Quelles actions concrètes pourraient être mises en place pour que la France exploite mieux cette richesse ?

La création de France Science il y a quelques années marque une prise de conscience de l’importance de mieux structurer les liens entre les scientifiques français à l’étranger et les institutions de recherche en France. Ce réseau, porté par l’ambassade de France aux États-Unis, vise à renforcer la diplomatie scientifique en connectant les chercheurs français à travers le monde et en favorisant des collaborations internationales.

Cependant, France Science n’est pas une diaspora et n’a pas vocation à accompagner les chercheurs dans leur parcours professionnel, que ce soit pour trouver un postdoctorat à l’étranger, naviguer au sein des systèmes de recherche étrangers, ou faciliter un retour en France. C’est là qu’intervient un réseau comme D-Fi USA, qui a été créé par de jeunes chercheuses précisément parce que ce besoin d’accompagnement n’était pas comblé. La France prend aujourd’hui conscience de la fuite des cerveaux et tente de moderniser son système de recherche. La création de postes de chaires, la refonte de certains modes de recrutement et l’amélioration des financements sont des efforts notables pour attirer ou retenir des talents.

Cependant, ces réformes restent insuffisamment communiquées aux chercheurs expatriés, ce qui limite leur impact. D-Fi USA s’efforce de combler ce manque d’information en organisant des échanges entre les chercheurs français aux États-Unis et les institutions françaises, comme l’INSERM et le CNRS, afin de mieux faire connaître les opportunités existantes et d’accompagner ceux qui souhaitent revenir en France.

La reconnaissance de D-Fi USA par les chercheurs et par des institutions majeures comme l’INSERM et le CNRS en Amérique du Nord montre bien l’intérêt d’un réseau structuré qui sert de tremplin entre les différentes étapes de la carrière des chercheurs.

Propos recueillis par Florence Baillon et Bruno Paing auprès de :

Dr. Romain Donné, Président D-Fi USA
Dr. Mégane Rayer, Vice-Présidente D-Fi USA
Dr. Laurie Herviou, Secrétaire et co-fondatrice D-Fi USA
Dr. Pauline Charbogne, Co-fondatrice D-Fi USA

Illustration générée par l’IA

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